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Par Flormed le 18 Juillet 2017 à 22:01
La fenaison
Julien Dupré
peintre français (1851 - 1910)
Il va falloir faucher le foin, le mettre en meules.
La fourche, le rateau, la brouette, les bras,
La sueur, les ahans sous l'azur au teint gras :
Un labeur qui proscrit les pleutres et les veules
Dont les efforts, aux prés, aux pâtis sont ingrats.
Voir ces gens besogneux, les manches retroussées,
S'activer sans répit, nous oblige à bénir
Leurs cœurs déterminés : L'homme, tel un menhir
Défiant tous les vents, réagit aux poussées
De la sève qui bout dans ses nerfs sans finir.
La femme, jouissant d'une ample robustesse
D'admirable roustaude, a des gestes rythmés.
On la voit, sans foulard, gardant les doigts fermés
Sur le gros manche en bois. Honte à toi, vicomtesse !
Toi que la flemme tue en des airs périmés..
Descends de cette tour aux puanteurs macabres !
Va te chauffer les os et voir les paysans
Respirer les senteurs des foins, leurs fronts luisants
Au soleil de mi-juin tels de beaux candélabres
Exposant aux regards leurs reflets séduisants.
Maître Dupré, ces mots, éclos à la lumière
De ton pinceau célèbre, auront-ils ta faveur ?
Grâce ! daigne accepter d'un déférent rêveur
Ces vers incohérents jaillis sous sa chaumière
Lors d'un soir où, souvent, délire le trouveur.
Mohammed ZEÏD
Flormed
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Par Flormed le 7 Juillet 2017 à 10:34
G. P. F. Laurent Laugée
peintre français né en 1853 et mort en1937
La journée est finie. On rentre à la maison.
Le ciel s'est altéré. La pluie! On se dépêche.
Lui, pousse la brouette, elle, porte la bêche
Et, la main sur le sac, maintient la cargaison.
Leur enfant, d'un panier se couvrant la binette,
Trotte gaillardement sur le sentier glaiseux.
Leurs habits maculés de boue et l'air taiseux
Qu'ils ont content l'effort. Pas besoin de lunette !
Ces gens sont vigoureux, peu leur chaut la saison.
Vivant de leur sueur, jamais ne les empêche
Le temps qu'il fait. Au bled, sous le soleil qui lèche
Leurs fronts ou sous le gel, la vie a sa raison.
Pour ces bons paysans, il vaut mieux vivre honnête,
Dans des murs en pisé, loin des gros niaiseux
Puant un luxe infect dans leurs castels gréseux.
Tels sont leur seul trésor, leur valeur la plus nette.
Mohammed ZEÏDCe poème est un doublet
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Par Flormed le 30 Juin 2017 à 06:01
Jean-Baptiste Corot
peintre et graveur français
(1796-1875)
Le fils du roi de Thrace et de la muse au front
Ceint de lauriers, Orphée, endeuillé par la perte
D'Eurydice, voulut, des enfers, vous diront
Les grecs, la ramener, même de feux couverte.
Il s'engouffra, lyre à la main et cœur vaillant.
Indulgent fut Hadès. Il lui permit d'extraire
Du schéol son aimée. Il sortit en graillant
Un chant d'amour. Corot a bien su les portraire.
On l'avait intimé de fuir sans adresser
Nul regard à la femme obligée à le suivre.
Les voilà près du Styx, dans un sous-bois fumeux !
Dans cet étrange endroit peuplé d'êtres squameux,
Il eut un désir fou de jeter un œil ivre
Vers elle, il ne fallait l'oukase transgresser.
Mohammed ZEÏD
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Par Flormed le 14 Juin 2017 à 02:35
La laitière regardant sa vache.
Peinture de Julien Dupré,
peintre français, (1851 -1910.)
Ô berceau de Dupré, terre de Picardie,
Du ciel ocré descend la nuit qui vient couvrir
Tes pâtis d'où revient la manante enhardie
Portant à bras et joug le lait que le zéphyr
Parfume et rafraîchit. La princesse champêtre
Fixe d'un regard doux la vache en train de paître :
«Ton pis, fort généreux, lui dit-elle, crois-moi,
Vaut pour nous un trésor qui mettrait en émoi
Plus d'une vicomtesse et plus d'une marquise.»
Et d'un pas souverain, la belle au teint cuivré
Va, son cou gracieux, au vent du soir, livré
Une nymphe, une fée, à la peinture acquise
Béni sois-tu, seigneur ; béni soit ton pinceau !
Grâce à ton art, dut resplendir la vie agreste
Aux yeux de l'univers car de chaque monceau
De verdure jaillit la beauté de ton geste
De génie adorant le grand air et la paix
Dont tu savais signifier tous les aspects.
Les picards, à ce jour, font valoir la noblesse
De ton style élevé dicté par la simplesse
De ce vaste jardin que tu sus embellir
Par les saphirs brillants de ta riche palette
Tel ce bijou humain sans madras ni voilette
Qui pourrait, de vertu, tout un couvent remplir.
Mohammed ZEÏD
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Par Flormed le 19 Décembre 2016 à 17:06
En gardant le troupeau.
"Custodendo il gregge" Luigi Chialiva (1842-1914)
Vivre dans la nature avec troupeau d'ovins
C'est se gaver d'air frais, c'est s'emplir les pupilles
De la beauté champêtre ouvrant monts et ravins
Et prés bordés de bois peuplés d'oiseaux sylvains
Offrant leur symphonie et leur concert de trilles.
Là, se vit, pleinement, la paix, de l'aube au soir
Sur la rive limpide où s'amuse l'agnelle
Qui se plait à tremper, dans le brillant miroir
De l'onde, ses sabots ; naturel abreuvoir
Où coule allégrement une eau claire, éternelle.
Là, le pâtre avenant subjugue la bergère
En jouant du pipeau. Mieux que les mots, les sons
Semblent hypnotiser la fille qu'il espère
Séduire. Elle, gardant sa vertu de rosière,
Le regard bas, sent que son cœur a des frissons.
Le chien, stupéfié, paraît épris des notes
De son maître. En levant vers le ciel son museau,
Il ouvre, intéressé, ses oreilles dévotes.
Le vent dans les feuillus et le chant des linottes
Accommodent leur chœur aux soupirs du roseau.
Ah! si j'avais ton don, j'aurais dépeint des toiles
Dont s'émerveille l'œil et se repaît l'esprit !
Ô Luigi, d'où sors-tu ces nymphettes sans voiles
Suivant les biens laineux parsemés en étoiles
Dans les pâtis en fleurs où l'amour n'est proscrit ?
Mohammed ZEÏD
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