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Par Flormed le 28 Décembre 2015 à 21:38
Tristan Corbière
Morlaix, jadis Ploujean, le vit naître et mourir
Confiant au caveau ses maigres trente années,
Ne laissant aux lecteurs que les pages fanées
Des "Amours", seul recueil menacé de périr.
Pour le bonheur des adorants des vers à rimes,
Verlaine eut le bon sens de fort bien brillanter
Le livret du breton puis sa valeur vanter.
Tu nous parles,Tristan, du fond de tes abîmes.
Tu n'es pas mort. Ta voix résonnera toujours
Sous le ciel. Si court fut ton malingre parcours
Mais combien avenant fut le flux de ta muse !
Dors en paix ! Si la vie avait brusquement fui
Tes côtes, ton âme a, près des inspirés, lui.
Si tu trouves chétifs ces mots, je m'en excuse !
Mohammed Zeïd
Flormed
• "Les Amours jaunes" est l'unique recueil de poésie du « poète maudit » Tristan Corbière, publié en 1873 chez Glady frères éditeurs à Paris Wikipédia
• Pour lire ce recueil → Wikisource
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Par Flormed le 20 Novembre 2015 à 21:22
«La liberté guidant le peuple»
Eugène Delacroix (1798-1863 )
♦♦♦
La grâce de la main brandissant la bannière,
La robe laissant voir des tétons chaleureux,
Le chignon et les yeux défiant la poussière
Et la fumée ont fait d' Eugène un homme preux.
Que serait notre vie alors que les mains sales
L'étouffent dans la nue infecte que nourrit
De gaz asphyxiants le répandeur de balles
Qui s'extasie à voir que le trépas fleurit.
Bouts de haillons roussis, fragments de chair qui crame..
Ô liberté, guère tu n'es grain de sésame !
On veut te dépouiller de ton pouvoir sacré.
Mais, non, rassure-toi, les amoureux des roses,
Auront toujours ton nom, au fond du cœur, ancré.
C'est toi qui, de ton sang, leur vaillante âme arroses.
Mohammed Zeïd
Flormed
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Par Flormed le 20 Février 2015 à 11:58
L'attente
Hilaire Germain Edgar de Gas, dit Edgar Degas (1834-1917)
♦
Si court soit-il, le temps de l'attente est toujours
Un coup dur pour les nerfs. Sa lenteur agaçante
Rappelle une tortue à l'ombre claudicante
Sur des tas de cailloux jonchant dunes et gours.
Voyez la dame en deuil qui pique le parterre
Du bout de son pébroc, le chapeau sur les yeux
Et les doigts tout crispés ! Trouve-t-elle joyeux
Le tic-tac d'un cartel refusant de se taire ?
Et la danseuse en pleurs se tenant le peton,
Ne lui semble-t-il pas que le trot des aiguilles,
Par sa lourdeur, est tel un pas mou de chenilles
Dans un pré nébuleux où dort le hanneton ?
La seconde parait plus longue que deux lustres
Au fond d'un noir cachot perdu dans un désert
Que le vent rugissant, seul compagnon disert,
Quitte sans s'attarder pour les cités lacustres.
Mohammed Zeïd
Flormed
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Par Flormed le 10 Février 2015 à 12:44
Le semeur
Jean-François Millet,
artiste-peintre réaliste, pastelliste, graveur et dessinateur français
(1814 - 1875)
Peindre les paysans, c'est vivre sous le charme
De la campagne qui, docilement,
Se laisse labourer, loin, très loin du vacarme
De la ville où tout se fait bruyamment ;
C'est respirer les doux relents des emblavures
Où le bon grain, se mêlant aux engrais,
Trouve un lit chaud dans les sillons et gélivures
Pour y germer, fi donc des bas degrés !
Admirez ce jeunot répandant la semence
D'un geste mesuré. Ni froid ni vent
Ne peuvent arrêter son pas à la cadence
Parfaite, toujours allant de l'avant.
Quand il verra verdir la gluante et glissante
Glèbe que, fièrement, de ses sabots,
Il foule en l'écrasant, de sa voix fracassante,
Il pensera, sans nul doute, aux poulbots.»
Lorsque les épis d'or, plieront leur chevelure
Sous le soleil ardent, il vous dira
-«La terre offre du pain à tous, et sans exclure
Aucun, pas besoin d'abracadabra !
Vos petits fours, vos gâteaux et vos pâtes
C'est mon effort, mon souffle, ma sueur
Vous qui puez l'orgueil de la tignasse aux pattes,
Je vous nourris ; respectez mon labeur !»
Mohammed Zeïd
Flormed
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Par Flormed le 10 Février 2015 à 12:39
Vieille femme endormie
Nicolas Maes (1632-1693)
Le poids des ans, guère et point, n'a de prise
Sur l'esprit qui, des mots, fait son bon vin.
Contemplez ces cheveux que l'âge grise
Et ces yeux clos sans relaxant nervin !
Voyez ces mains que le temps a marbrées
Et ce front clair ayant gardé son teint
Brillant dessous les rayures cendrées,
Œuvre des jours qu'approuve le destin !
Un bougeoir mort, une cruche, un vieux livre
Poudreux gisant sur les genoux, des clés,
Le tout sur fond de nuit... L'âme se livre
Au rêve si doux, loin des murs bouclés.
Mais d'où provient cette froide lumière
Que mal reçoit la Bible aux sombres traits,
Surplombant le carreau de dentellière
Dont les fuseaux ont perdu leurs attraits ?
Dormir ainsi, comme dans une geôle,
Après avoir connu de beaux printemps,
Est-ce déjà la fin qui vient, l'épaule,
Libérer des lourds faix déshydratants ?
Mohammed Zeïd
Flormed
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