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Il portait les armes.
Il portait les armes.
Hors de son coin natal, sous un autre drapeau,
Un jeune aux cheveux bruns, vif smâli* téméraire
Criait : «Vive la paix», quitte à laiser sa peau.
Il ne regrettait point sa tente et son araire.
L'été battait son plein et les chars ennemis,
Dégobillant la mort, élimaient leurs chenilles.
Loin des yeux somnolents des illustres commis
De l'État, les soldats honoraient leurs guenilles.
L'homme venu d'ailleurs fut gravement blessé.
On le rendit au bled, laissant là-bas trois côtes.
Il vécut miséreux, infirme et délaissé.
Son livret* a jauni tel un carnet de notes,
Chez son fils -né deux ans après le grand conflit-
Que tout bruit de canon, d'épouvante, remplit.
Mohammed ZEÏD
mon père
*smâli : de la tribu des smâla, guerriers de la région d'Oued-zem.
*livret militaire délivré à Reims
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Commentaires
3StellamarisMardi 20 Juin 2017 à 13:29
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Bonjour cher Flormed,
Ce magnifique sonnet sent le vécu n'est-ce pas ?
De nos jours la guerre est omniprésente d'une toute autre manière et fait souffrir tant d'êtres. Ce mot est à bannir mais comment faire ?
Tant que les poètes pourront au moins l'écrire, surtout de si belle manière, qu'ils continuent au nom de tous les martyrs du monde passé et à venir.
Je t'embrasse et t'applaudis.
Annie