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Par Flormed le 8 Octobre 2017 à 08:06
La Tentation de Saint Hilarion.
peinture de Dominique Papety
(1815-1849)
Hilarion le Grand, le saint anachorète,
À Gaza, vit le jour ; puis, âgé de quinze ans,
Il alla séjourner parmi les partisans
D'Antoine du désert qui vivait en ascète
Éloigné des hameaux, ruchers des paysans.
Après un long périple : Égypte puis Sicile,
Dalmatie et Kibris* où la mort le surprit,
Son seul trésor était son lumineux esprit.
Cet ermite connut la paix sur la belle île
Où resplendit son nom tel un beau saint-esprit.**
Le prieur qu'il était, tout imbu de science,
Avait choisi la pauvreté, l'isolement,
La chasteté... Pour lui, piété seulement
Élevait l'âme au ciel : prier dans le silence
D'une grotte à l'écart, preuve de dévouement.
Ce qui guère ne plut à Satan le perfide
Qui vint alors un jour exhiber les appas
D'une nymphe aguichante, à ravir, par ses pas
De danseuse mi-nue et par sa chair limpide
Offerte aux yeux d'abord tel un exquis repas.
L'homme sage comprit. Il repoussa des mains
Le tentateur pour l'envoyer jouer sa farce
Ailleurs. Il triompha. Sous son aspect de garce,
Le démon, confondu, perdit ses traits humains
Et disparut, muet tel un mauvais comparse.
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*Kibris : Chypre, en turc
**saint-esprit : bijou en forme de colombe.
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Mohammed ZEÏD
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Par Flormed le 4 Octobre 2017 à 17:49
Jérôme de Stridon
Antonio de Pereda y Salgado
peintre espagnol du siècle d'or
(1611 -1678)
Ô saint homme pieux, fut-ce dans cette grotte
Que tu dus sans relâche exprimer en latin
Les vieux écrits connus de ton esprit zélote ?
Le jour qui n'éclairait qu'à moitié, le matin,
Cet endroit à l'écart, garde-t-il une trace
De ces parchemins que ni les princes de Thrace
Ni ceux de Bethléem n'avaient dans leur fortin ?
Ton labeur qui fut pur et de très longue haleine,
A dû subir maints coups de plume par des vers
Auxquels la vérité fit peur et, pour ta peine
Sans nul respect, ont dévêtu, tes justes vers
Pour les mal accoutrer de nippes à leur guise.
Que d'habits différents voit-on ! Chacun déguise
Selon son goût et prend le revers pour l'obvers.
Ô toi qui dûs porter les guenilles d'ermite
Pour imiter,en tout, ton maître égyptien,
Toi qui sus déchiffrer l'écriture sémite,
Hommage t'est rendu ; bien que de ton ancien
Livre il ne demeurât que des pages fanées
Dont des fous vipérins ont, le long des années,
Détruit le noble sens. Chaque secte a le sien.
Au fil des versions, ton verbe, sans lumière
Devenu, s'est perdu, ses lettres ont pâli
Pour finir tel un brin d'une rose trémière
Que la flamme a brûlé, que la cendre a sali.
Ö pauvre vérité, les mains sales des scribes
Corrompus t'ont changée en basses diatribes
Pour plaire à leur cerveau de mesquin bengali.Mohammed Zeïd
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Par Flormed le 24 Septembre 2017 à 18:01
El sueño del caballero o La vida es sueño,
☼ "Le rêve du cavalier" ou "La vie est un rêve"☼
Antonio de Pereda (1611 - 1678) peintre espagnol du siècle d'or.
*****
Le cavalier vaincu par le sommeil s'endort
Dans un fauteuil, sa main calant sa lourde tête.
Un ange aux cheveux blonds d'élégante fillette
Lui montre un phylactère élucidant la mort.
La mort qui vient piquer puis prestement s'envole
Après avoir sorti l'âme de sa prison
Laissant le corps au trou recouvert de gazon.
-Mots en latin valant mieux que toute parole.-
Sur la table, un amas d'objets : argent, bijoux,
Pistolet, chapetet, livre,bougeoir, horloge...
Ah! le temps! Ah! Il sait remplir le nécrologe.
Ô mortel, rien ne sert d'empiler ces joujoux.
Oui, derrière ton dos, resteront tes richesses
Tu partiras sans rien car sans rien tu naquis.
Tes os s'effriteront, sois-tu baron, marquis
Ou roi..Ni beaux palais, ni banquets, ni maîtresses!
L'ange s'en va, le chevalier ouvre les yeux.
Il répète: occidit ! Vie, ô mélancolie !
Un tas de vanités, de chimères, folie !
On finit, dépouillé, dans un caveau crayeux.
Les insignes d'honneur, titres éminents, gloire,
Simples décors et mots que s'en vient balayer,
Un jour, le fossoyeur, lui qui sait déblayer
La terre où le bien-être est un nom illusoire.
• Sur le phylactère, on peut lire :
"Aeterne pungit cito volat et occidit"
il pique éternellement, il s'envole prestement, il tue.
Mohammed ZEÏD
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Par Flormed le 14 Septembre 2017 à 12:09
par Anne-Louis Girodet (1767-1824)
Le malheureux Chactas, endeuillé, se tourmente:
Inhumer son aimée est un pas vers la mort,
Il serre les genoux d'Atala très très fort,
S'épuise pour garder, sur terre, son amante.
La fille du grand chef qui l'avait soutiré
Au bucher lors d'un soir en dénouant ses cordes.
De la tribu vivant, barbarement, en hordes,
Il ne pouvait s'enfuir. Il était séquestré.
Elle était convertie, il restait idolâtre
Mais l'amour lui dictait de le sauver des rets.
Il n'avait point le droit de vivre en ces forêts.
Ses ennemis, guerriers brutaux, voulaient l'abattre
Le brasier, pensait-il, eut été plus clément
Que ce cruel départ de la rose adorée
Dont l'âme, sous ses yeux, s'était évaporée,
Un poison mettant fin à son beau sentiment.
Le père Aubry, muet, voyait, à la lumière
Provenant en faisceau, la noble vénusté
De la morte, l'honneur en son front incrusté
Tel un saphir luisant de couronne princière.
Le drap blanc, son linceul, signe de sa vertu.
À la fraîcheur du teint de ses doigts, de ses lèvres,
On dirait une nymphe ayant éclos à Sèvres
Des mains d'un modeleur de bel art revêtu.
La grotte ayant le soin de recevoir en elle
Ce corps si pur, si beau, s'ouvre sur un relief
Dont la vierge faisait son alcôve et sa nef.
Anne-Louis et François l'ont élue immortelle.
Le peintre et l'écrivain, artistes éminents,
Nous ont laissé ce legs de sublime importance
Dont plumes et pinceaux font toujours la pitance
Rassasiant leurs goûts par ses mets fascinants.
♦
lire
Atala de Chateaubriand
• Anne-Louis Girodet , ou Anne-Louis Girodet-Trioson, né à Montargis le 29 janvier 1767 et mort à Paris le 9 décembre 1824 (à 57 ans), est un peintre et graveur français.
•François-René, vicomte de Chateaubriand, né à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et mort à Paris le 4 juillet 1848, est un écrivain et homme politique français. Il est considéré comme l'un des précurseurs du romantisme français et l'un des grands noms de la littérature française.
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Mohammed ZEÏD
6 commentaires -
Par Flormed le 11 Septembre 2017 à 12:17
La vache blanche
Peinture de Julien Dupré (1851 - 1910)
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Cette vache blanchâtre à la maigreur palpable,
A les pis généreux : le seau plein, s'il vous plait!
Elle se fait, docilement, traire. À l'étable,
Son veau doit espérer, muet, sa part de lait.
La fille, lestement, sous les yeux de sa mère,
A l'air de caresser la mamelle d'où sort,
En filet chaud, le jus inondant la palmaire
Peau de son doigt fluet tendu tel un ressort.
Mais voyez l'animal, les oreilles dressées,
Le regard si lointain mais tout plein de douceur,
Le chignon assez haut, les épaules baissées
Le pelage marqué de taches de noirceur...
Son licol en cuir noir d'où pendille sa cloche
Confèrant à son cou le vif, grand, bel attrait
D'une médaille en or qu'une vedette accroche
En haut de son veston pour se faire un portrait.
Ô Dupré, le réel que tu sus, à merveille,
Rendre n'aurait trouvé, jadis, meilleur pinceau
Que le tien. De nos jours, nul peintre ne réveille
Ce bel Art inhumé très loin de son berceau.
Mohammed ZEÏD
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