-
Par Flormed le 23 Janvier 2015 à 16:16
Jeune fille lisant une lettre à la bougie
Jean-Baptiste Santerre, peintre classique français, (1658 -1717).
Mais que lis-tu, beauté ? La bougie a pâli
De honte en te voyant luire telle une rose
Au soleil par un jour qui sonne l'hallali
De la nuit s'enfuyant dos à l'horizon rose.
Est-ce un pli parfumé venu, de ton amant
Lointain, faire frémir, de volupté, ton âme
Espérant le retour de l'être au ris charmant
Qui sait griser ton cœur du céleste dictame ?
La grâce de tes yeux se refermant afin
De laisser ton esprit savourer l'épistole
Ferait songer un saint, serait-il séraphin,
À rompre avec la foi, source de son pactole.
Pour le miel de ta lèvre ; un fakir, si dévot
Soit-il, délaisserait son prêche et sa prière.
Il en prendrait comme élixir, goût de pavot,
Buvant, soir et matin, à ta fraîche rivière.
Un prince t'offrirait son palace et son or
Pour effleurer du bout du nez la velouteuse
Et tendre chair du cache-clé, ton beau trésor
Que n'escamote point ta douillette soyeuse.
Mais dis, ô vénusté ; cette missive, en vers,
Est-elle pour te faire ainsi flamber de joie
À dévoyer un ange et le rendre pervers ?
Je me tais, mon calam, d'humilité, rougeoie !
Mohammed Zeïd
Flormed
4 commentaires -
Par Flormed le 23 Janvier 2015 à 16:14
Chemin à travers les coquelicots
Artiste : Claude Monet (1840 - 1926)
Sous un beau ciel mi-clair mi nuageux,
Le bourg, sur le versant de la montagne,
Respire l'air si pur dont les frais jeux
D'ombres feraient rêver une sultane.
Le sang fumant dont les coquelicots
Parsèment richement l'ample verdure
Offre au regard de beaux tas de fricots
Qu'il dévore, aimant que le goût perdure.
Ô Sieur Monet, avais-tu demeuré
En cet éden où ce n'est là que songe
D'un soir ? Ton bel art, ayant effleuré
La toile, fit le temps jeter l'éponge.
Ce tableau restera l'un des meilleurs,
Et le plus cher, à mes yeux de profane
Par sa beauté, par ces traits éveilleurs
Dont se repaît mon âme paysanne.
Mohammed Zeïd
Flormed
3 commentaires -
Par Flormed le 23 Janvier 2015 à 16:11
Les mangeurs de pommes de terre
Vincent Willem van Gogh (1853 - 1890)
Sous les rayons blafards diffusés du plafond
Par une lampe à chapeau, sans verre,
Les braves paysans, tout fiers, se satisfont.
De café noir et pommes de terre
Le peintre, soucieux de nous faire saisir
Que ces petites gens au teint ocre
Aiment manger avec les doigts pour le plaisir,
Fait fi de tout esprit médiocre !
Leur joie est d'être ensemble à table en ce logis
Étroit où le seul relent qui flâne
Sous le vétuste toit est celui d'un mégis,
Mais ils sont heureux dans leur cabane.
Ils ont hersé, bêché, sarclé...Que de sueur
Afin de rendre le sol arable !
Se gaver de sa main, voilà le grand honneur,
Même si l'habit est misérable !
Dans le calme du soir, ils écoutent le chant
Du vent, le hurlement d'une louve,
L'aboi d'un chien, le cri d'un grillon se cachant
Dans un pâtis tapissé de flouve...
La vie est, disent-ils, une chaîne d'efforts
Aux maillons ne demeurant solides
Que si, du sol fécond, ils nourrissent leurs corps
En gardant au ciel leurs fronts livides.
Mohammed Zeïd
Flormed
2 commentaires -
Par Flormed le 23 Janvier 2015 à 16:09
La soupe du vieux faucheur
Léon Lhermitte, peintre naturaliste français, (1844 -1925)
Le vieux faucheur, bras nus, les cheveux au soleil,
Assis, pieds allongés parmi des tas de canche,
Un martel à la main, battait le fer sans manche
Ayant coupé, sans nul répit, dès le réveil.
À son dos, son fiston, chapeauté, se délasse
Accoudé sur l'herbage offrant de la fraîcheur
À son corps halbrené, suant tel un raucheur,
Sous le ciel paraissant se couvrir de mélasse.
La bru s'en vient avec un pot pendant au bout
De sa droite, un gros sac en toile sur l'épaule.
Le gars fixe des yeux la belle rousserolle
Qui, sans sortir un mot, demeure là, debout.
De la soupe et du pain font la maigre pitance
À prendre goulûment avant de retourner
Le foin, dur travail que l'on ne peut ajourner
En cette contrée où l'herbe a son importance.
Ô Léon, ton pinceau n'a presque rien omis
Du vert gris se mêlant à l'ocre de la terre
D'où l'ombre a disparu, condamnée à se taire
Tels ces bons paysans aux fronts par l'air blêmis.
Mohammed Zeïd
Flormed
2 commentaires -
Par Flormed le 23 Janvier 2015 à 16:06
Le petit colporteur endormi.
Jules Bastien-Lepage, peintre de la Lorraine, (1848- 1884).
♦
Las de fouler le sol, il ôte ses souliers ;
À ses orteils meurtris, donnant une relâche,
Et s'affaisse illico dès qu'il se déharnache
Du faix qui crèverait tout un corps de rouliers.
Il s'endort, dos au mur, son bâton sur le bide,
Une jambe en levier et l'autre aplatissant,
En quête de chaleur, son chien se délassant
Comme lui, dégoûté de montrer sa peau vide.
Le banc désert, témoin muet de leur torpeur,
Fait fi de leurs yeux clos dont le sommeil écluse
Les rus de larmes qui, fuyant le jour d'où fuse
La blessante clarté, déferlent en leur cœur.
Ô Jules, ton pinceau, peintre de la Lorraine
Pourrait-il s'infiltrer dans l'esprit morfondu
De cet enfant si beau que la vie a tondu
Ratissé jusqu'à l'os, noyé dans la déveine?
Mohammed Zeïd
Flormed
3 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique