• 1-Forme à l'anglaise →ABCABC - DBCDc

    Lever blafard.

    Un soleil maladif répand sa chevelure
    Sur le versant boisé du mont silencieux
    Dont toute vie a fui le vilain gel mortel.
    Les pâtis, encor nus, montrent une gelure  
    Que ne peut adoucir le sourire des cieux
    Ignorant et les gens et leur maigre cheptel .

    Le jour paraît enfin sur le pays qui fume
    De tous ses toits de zinc. Un vent malicieux
    Fait gémir la forêt où niche un vieux castel
    Inhabité, dardant au ciel son gris costume :
    Vétuste œuvre au pastel.



    2-Forme à la marotique→ABA-ABA-CCd-EEd

    Le mendigot

    Un gros sac sur le dos, un bâton à la main,
    Savates et haillons, le mendigot trottine,
    Sans jamais s'écarter de son obscur chemin.

    Depuis qu'il a perdu son seul frère germain,
    Il vit dans le gourbis d'une femme crétine
    Que l'on voit rarement trimbaler son gamin.

    Le soir venu, l'aveugle, ayant rempli sa couffe,
    S'en va muet, portant des kilos de malbouffe,
    Vers son trou.

    Dix ans à se mouvoir de la rue à la couche
    On le dirait une ombre avecques sur la bouche
    Un verrou.



    3-Forme à la française→ ABA-ABA-CCd-EdE

    Pense à ta fin, mortel !

    La vie est à mon sens un songe fabuleux
    Dont la mort vient un jour effilocher la trame
    Et l'on s'en va dormir au fond d'un sol sableux.

    Fleurs et pleurs, oraison, ciel clair ou nébuleux
    Puis c'est l'oubli total. L'épitaphe en cérame
    Se laisse dévorer par des buis spinuleux.

    On est tels des châteaux de sable fin que l'onde
    Aux remous écumeux, en moins d'une seconde,
    Démolit.

    Et l'on part, bras croisés, pieds liés, se dissoudre
    Dans un lit
    Froid, à l'écart, où le linceul doit se découdre.

     

    Mohammed Zeïd

     

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    POÉSIS

     


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  • La mariée

    Peinture de Claudie publiée sur Poésis


    Elle voit s'approcher sa nuit, l'âme enflammée.
    Le feu d'Éros la fait penser au bel instant
    Où les yeux ébaudis de son prince exultant
    Verront, de ses appas, la fraîcheur tant aimée.

    La paisible splendeur du toit les abritant
    Lors du soir attendu, sa douce voix pâmée,
    Collée au corps chéri, sa passion calmée,
    La feront s'envoler, le plein bonheur quêtant.

    Robe, écharpe, bijoux ajoutent à sa grâce
    Le reflet d'un soleil vespéral qui l'embrasse
    De ses rais d'or en brillantant son front pensif.

    Leste est la main qui fit jaillir de la palette
    Cette beauté hors pair d'aguichante starlette.
    À croquer, ce doux fruit du bel art expressif !



    Mohammed Zeïd


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  • L’étudiant assis à la table


    Rembrandt Harmenszoon van Rijn
    (15 juillet 1602- 4 octobre 1669)

    À la blême lueur d'une maigre bougie
    Contre la nuit luttant, l'étudiant pensif,
    Laisse errer dans le noir son regard évasif
    Oubliant et les mots et leur blanche magie

    Une main à la tempe et l'autre à l'accotoir
    Agrippée, il a l'air, tels ses recueils fossiles,
    De vouloir subjuguer les lettres indociles
    D'un art dont le chemin finit sur un butoir.

    Sieur van Rijn, avait-il vécu cette posture
    Qu'il fit consciemment rejaillir d'un passé
    Ténébreux où le livre était cadenassé
    Sauf au disciple élu, révérant la culture ?

    Le clair trop amoindri, le sombre amplifié
    Captivent mon regard. Cette toile à l'eau forte,
    Dont j'admire les traits, fait poindre une cohorte
    De mots en mon esprit, et c'est justifié !

    Regardez, dans les yeux, cet être qui médite
    Vous saurez  sûrement qu'il est tout absorbé
    Par son cours doctrinal  qui n'est point perturbé.
    Hommage t'est rendu, peintre de grand mérite !




    Mohammed Zeïd


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  • L'Indienne au regard mystérieux

     

     peinture/Claudie 

    Peinture de Claudie , publiée sur Poésis

    Quel attrait peut avoir le royal diadème
    Étalant sa splendeur sur le timide front
    Si n'était ce regard ? Ce serait un affront
    À l'art si l'on ne voit la lumière suprême
    De ces iris dont la magie aurait un front
    De bataille sorti de la mortelle flemme.

    Ô mystère celé derrière ces cils noirs,
    Abyssal, absolu, t'éclaircir par des rimes
    C'est fureter, en vain, à travers les sublimes
    Faites d'une montagne infinie où, les soirs,
    Rejaillissent les voix des plus profonds abîmes
    Pour conter la beauté des filles des manoirs.

    Mais quelle vénusté, si pimpante soit-elle,
    Eut ce miel de tes yeux dont la pure clarté
    Ferait blêmir de honte un vif soleil d'été ?
    Révérence à Claudie ayant peint une telle
    Grâce où sont mariés pudeur et piété
    Que dissimule peu le foulard sans dentelle.




    Mohammed Zeïd


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  • Mon trésor

    Le seul trésor, le vrai, qui m'enivre le cœur
    Est bien une vénus dont le nom est Aurore.
    Son allant naturel, son sourire vainqueur,
    Sa vertu sont pour moi l'ineffable liqueur
    À savourer, à vénérer. Point ne l'honore
    Celui qui n'y voit pas rose venant d'éclore !

    Pour ce trésor, on a bâti ksars et palais,
    On a fait verdoyer jardins et closeries
    Où lui chanter rondeaux, villanelles et lais
    Afin de recueillir un brin de bordelais
    Sur sa langue adorant les justes flatteries.
    Pour elle ont foisonné bijoux et perleries.

    Ô source de fraîcheur au murmure angelin*,
    Que serait le poète en proie à l'âpre fièvre
    Si n'était la boisson de nectar avelin
    Que la reine de Nyx, par son teint opalin,
    Fait couler, par bonheur, de ta friande lèvre
    Plus soûlante qu'un fût débordant de genièvre.

    Égérie aux yeux pers, c'est pour t'idôlatrer,
    Psalmodiant mes vers, que j'écris ce poème
    Même si les misos* veulent me séquestrer
    Dans leurs vétustes us croyant me délustrer.
    Aux enfers leurs cerveaux caducs! Ô ma bohème
    Éclaire mon esprit, tire-moi de ma flemme.



    * Signifie (en moyen français) : Propre aux anges
    *misos : mis pour misogynes




    Mohammed Zeïd


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