• Le jeune mendiant



    Bartolomé Esteban Murillo, peintre espagnol, ( 1617-1682)



    Il est là, seul, montrant ses pieds nus et terreux,
    Las de fouler le sol ingrat qui le vit naître.
    Mais voyez-le, dans ses haillons de miséreux
    Où fourmillent les poux que ses ongles lépreux
    Écrasent sans arrêt au jour qu'une fenêtre
    Projette vainement sous ses yeux ténébreux.

    Une pomme pourrie et des bouts de crevettes
    Pour sa mordante faim, l'eau trouble d'un cruchon
    Pour sa cuisante soif et vont ses nuits, muettes
    Tels des caveaux enclos par de tristes murettes.
    Ô pauvreté, son teint que tu rends pâlichon
    N'ôte rien aux reflets de ses fraîches pommettes.

    Son couffin, jamais plein, gît, près de lui, béant
    Sur l'âpreté des cœurs regorgeant d'inclémence.
    Nul n'allonge la main pour tirer du néant
    Ce marmiteux moutard qui, le cas échéant,
    Pourrait s'épanouir sous un ciel où Malchance
    Est bannie, où le bien est le seul choix séant.

    Ô Murillo, Séville, à la richesse agraire
    Reconnue, avait-elle, à son sort, délaissé
    Ce garçon démuni, tel un serin aptère,
    Sans nid, dépaysé, sur un mont funéraire,
    Espérant qu'un vent fou, d'un souffle cadencé,
    Advienne, un soir brumeux, son ramage soustraire ?



    Mohammed Zeïd
    Flormed


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  • Julien Dupré,  peintre français, (1851 -1910.)



    -«Voici venu le soir, rentrons !» dit la bergère
    A son troupeau comblé de verdure au pâtis.
    Sur le sentier menant de la plaine herbagère
    Au bercail, la pastoure exhibe un plumetis
    Laissant paraître un cou de sylphide sans ailes
    Fixant de son regard les beaux yeux des agnelles
    Qui semblent admirer cet ange au féminin
    Dont un palais royal aurait fait une rose
    Égayant de son rire un lit d'alcôve rose
    Où tout chantre perdrait son verset léonin...

    Un pasteur, ô Dupré, suit de très près ses bêtes ;
    Et, là, vous nous montrez la fille devançant
    Ses brebis, sans bâton ni chien, les lèvres prêtes
    À bruire un chant gai dans le vent caressant
    Tout en offrant au sombre ciel son élégance
    Dont la nuit vient cacher les appas et la ganse.
    Ô peintre pastoral, votre art, si grand, mérite
    Mieux qu'un poème aux vers de mesquine valeur
    Griffonnés sans entrain par un humble rimeur
    Errant dans un désert, reclus tel un ermite.




    Mohammed Zeïd
    Flormed


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  • Alphonse de Lamartine




    Artiste : Henri Decaisne (1799 - 1852)

    Ô chantre de l'amour, ton heureux lévrier
    Du regard te fixant, cherchait-il en ton âme,
    Pour y goûter, le pur, le céleste dictame
    Dont tu daignais remplir ton auguste encrier ?

    Ta plume fit reluire, au fil de ta pensée,
    L'horizon bleu des vers admirés par Victor
    Qui déclama tes mots de sa voix de stentor
    Ravi qu'il fut par leur beauté bien cadencée.

    L'autre limier, flairant dans le vent la senteur
    De l'encens que fleurait ton étoffe royale,
    Espérait, queue en l'air, de ta paume loyale,
    Une longue caresse, une tape en douceur.

    Ton bel accoutrement, digne de ta sveltesse,
    Dut astreindre le peintre à sortir tout son art
    Pour accorder la vie à ce fruste savart
    Qui, du coup, par ta grâce, oublia sa tristesse.

    Le ciel, si gris soit-il, point ne put obscurcir
    Le recueil où "Le lac", en effleurant ses rives,
    Parlait à la forêt, aux jardins et leurs grives,
    Aux monts bravant le temps n'osant les amincir.

    J'applaudis en rythmant : gloire à Henri Decaisne,
    À son pinceau doré qui nous permit de voir
    Le maître de la lyre ayant, son bon savoir,
    Légué, sans rien celer, à toute âme sereine.



    Mohammed Zeïd
    Flormed



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  • Il pleut des maux partout ; il neige des malheurs !
    Mer, terre et firmament se couvrent d'immondices.
    La vie est aux abois, en grand deuil sont les fleurs,
    Des vilains renégats, souffrant moult préjudices.

    L'humain s'en va, muet, hanté par mille peurs,
    Par des chemins boueux, sans clarté, sans indices.
    Il pleut des maux partout ; il neige des malheurs !
    Mer, terre et firmament se couvrent d'immondices.

    Vers où chemine-t-on par ce maudit temps noir
    Grondant tel un torrent rageur que rien n'endigue ?
    Avant de fuir, le jour battu fond dans le soir
    Sur les champs que l'acier, de sang bouillant, irrigue.

    La fumée aux relents suffocants d'urinoir
    Plane sur la cité transformée en bordigue.
    Vers où chemine-t-on par ce maudit temps noir
    Grondant tel un torrent rageur que rien n'endigue.

    Sommes-nous obligés d'ingurgiter ce fruit
    Rebutant dont on a, vilement, planté l'arbre ?
    La colombe a perdu ses ailes sous le bruit
    Du canon malmené par les âmes de marbre.

    Au galop, vers la fin ! Le sou damné détruit
    L'élan vital. Le front blêmit, le teint se marbre.
    Sommes-nous obligés d'ingurgiter ce fruit
    Rebutant dont on a, vilement, planté l'arbre ?

     

    Mohammed Zeïd

    -Flormed-

    Forme nouvelle créée par Zeïd et Vénusia

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  • Le chōka (ou naga-uta) est une des formes de la poésie waka

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