-
Par Flormed le 2 Juillet 2017 à 09:09
Pitié, je crève !
Les larmes sur ta joue ont l'air d'une rosée
Que le matin fait luire et rouler sur les blancs
Pétales d'une fleur que la brise a baisée
En parcourant, du mont, les majestueux flancs.
Te voir pleurer me fait gémir. Mon cœur qui rêve
De t'enrober de joie, endurerait d'un glaive
Mille coups mais ne peut supporter que soulève
Ton sein quelque soupir par un chagrin jeté
Sur ta vie à son aube. Ô ma douce sylphide,
N'abîme pas tes yeux car ton regard splendide
Éclaire mon chemin qui deviendrait aride
Et ma lyre mourrait dans la passivité.
N'avions-nous pas juré de vivre la folie
De l'âge des amours jusqu'au dernier instant
Ici-bas ? Tu ne peux l'oublier, ma jolie!
La forêt, la montagne et le vent répétant
Nos chants ont souvenir de nos belles soirées
La lune caressait tes étoffes moirées
De ses rayons laiteux, les étoiles parées
De brillants se miraient dans tes iris joyeux.
Revois ce beau passé dans le bois aux délices
Où nous avions bâti le nid où les caprices
Que je faisais t'ouvraient le ciel des cantatrices
Fredonnant sans finir des airs mélodieux.
Ta bajoue, ô Faty, tes pleurs l'ont arrosée
Beaucoup plus qu'il n'en faut de leurs filets brûlants
Je t'en supplie, assez! L'affre que m'a causée
Ton spleen est un enfer aux souffles désolants
Qui s'en prend à mon cœur, grille toute sa sève.
Tes sanglots m'ont talé ;grâce! pitié! je crève !
11 commentaires -
Par Flormed le 24 Juin 2017 à 02:24
L'ardent soleil de thermidor
L'ardent soleil de thermidor prématuré
Répand sur le village une trombe de flammes.
On entend grésiller le chemin torturé
Par les reflets du ciel ankylosant les âmes.
Pas un oiseau n'ose voler. Du bois muet
S'exhale en tourbillons un relent de fournaise.
La rivière se tait .On voit son cours fluet
Serpenter, mort de soif, sur un tapis de glaise.
Faute de monnaie, on est sourd à l'appel
De la mer. Pour un gueux, avaler du napel
Serait moins douloureux que s'enfuir dans la plage.
On subit la chaleur et ses calamités.
En espérant l'hiver aux sombres nudités
Qui viendra démonter ces gens de tout pelage.
Mohammed ZEÏD
6 commentaires -
Par Flormed le 20 Juin 2017 à 08:20
Il portait les armes.
Hors de son coin natal, sous un autre drapeau,
Un jeune aux cheveux bruns, vif smâli* téméraire
Criait : «Vive la paix», quitte à laiser sa peau.
Il ne regrettait point sa tente et son araire.
L'été battait son plein et les chars ennemis,
Dégobillant la mort, élimaient leurs chenilles.
Loin des yeux somnolents des illustres commis
De l'État, les soldats honoraient leurs guenilles.
L'homme venu d'ailleurs fut gravement blessé.
On le rendit au bled, laissant là-bas trois côtes.
Il vécut miséreux, infirme et délaissé.
Son livret* a jauni tel un carnet de notes,
Chez son fils -né deux ans après le grand conflit-
Que tout bruit de canon, d'épouvante, remplit.
Mohammed ZEÏD
mon père
*smâli : de la tribu des smâla, guerriers de la région d'Oued-zem.
*livret militaire délivré à Reims
6 commentaires -
Par Flormed le 16 Mai 2017 à 14:27
Epitaphe
Le ciel s'est assombri, voilant mes yeux de brume;
Puis il a grêlé de l'amertume, en mon cœur !
Des éclairs de tourments, des tonnerres de maux,
Ont vidé leurs torrents lacrymaux ; en mon cœur !
Plus jamais de beau temps ! Le jour s'est fait nocturne
La nuit, sans lune, prend le cothurne, en mon cœur !
Seul un spectre lointain déchire l'horizon
Pour planter un infernal tison, en mon cœur !
Maudit soir qui dut voir se défraîchir ma rose.
Crachat pourri d'un démon morose ,en mon cœur !
Un sort cruel, odieux assassin, charognard
A désaltéré son vil poignard, en mon coeur
A quoi bon vivoter ? Ma douce âme est partie
Une épine, laissant, bien sertie, en mon cœur.
Monts et bois, rus et lacs ont connu mon chagrin.
Le monde ne pesait plus un grain, en mon cœur !
J'avais crié, hurlé, pleuré ... Peine perdue !
L'écho gravait sa voix éperdue, en mon cœur!
Attendre le départ est devenu mon lot.
La souffrance a bâti son brûlot ; en mon cœur.
Un matin sans soleil, je m'en irai la joindre
Pour que cesse la douleur de poindre, en mon cœur.
Un rossignol dira, là-haut, mon oraison
En vers s'entassant en fenaison ; en mon cœur.
Tout promeneur lira sur ma sombre épitaphe :
Ces mots ayant vécu, sans paraphe ; en mon cœur:
Ci-gît le troubadour dont le chant fut en pleurs
Après la mort de Zahr et ses fleurs, en mon cœur.Mohammed Zeïd
8 commentaires -
Par Flormed le 17 Décembre 2016 à 14:12
Monde à deux faces
Quels souvenirs gardera cet enfant
Mal nourri, mal vêtu, qui voit sa ville
Se défoncer sous les obus truffant
De sang ses murs épars? Chef imbécile
Qui se plait tellement à voir ses chars
Vomir la mort pendant que, lui, d'achars
Il s'emplit le bedon, crie et jubile.
Ailleurs, la joie! on attend le traîneau,
Sapin brillant près de la cheminée,
Mets succulents et bon vin en tonneau,
Puis la bombance est gaîment terminée
Par un air ambrosien qui fait frémir
De volupté les yeux prêts à dormir
Dans un lit rose à lueur satinée.
Et les menteurs, tassés dans les fauteuils
Dorés, perlés, fardent leurs verbiages
De paix, de droits, n'ayant cure des deuils
Que répandent les tanks dans leurs sillages.
Existe-t-il un mot pour désigner
Ces fous pourris que l'on voit se baigner
Dans les mers d'or, récoltes des pillages.
Ô pauvre Fahd que l'on fait trépigner
Dans la gadoue, un jour, leurs attelages
Maudits, devront, sans nul coin épargner,
Démolir leurs cités tels mille orages.Mohammed ZEÏD
10 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique