La plume a soif, l'encrier est à sec,
Et la bougie en deuil n'a plus de larmes.
De loin, s'entend la plainte d'un fennec.
Déplore-t-il l'éclipse de mes carmes ?
Errant parmi ses ergs silencieux,
Le ventre en arc, le museau dans le sable,
Le poil au vent, ce renard vicieux
Brise ma paix. On le dirait un diable !*
Minuit ! L'horloge égrène mollement
Ses douze coups. Elle attise mon ire.
Le ciel, tapi dans son noir vêtement,
Fait crépiter le toit. C'est le délire !
Un pouilleux qui geint, un coffre aplati
Qui tonitrue, un nuage qui pisse,
Un temps cagnard qui trotte au ralenti,
O nuit, est-il plus révoltant supplice ?
Pour comble de malaise, un aboyeur
Clabaude sans répit chez la voisine.
Ah si terrait sa peau le fossoyeur !
Osseux, galeux, comme je l'abomine !
Le vent accourt se mêler au barouf.
Un volet mal fermé, grince puis claque,
A crever les tympans, tel un chadouf.
Je maudis la bourgade où je baraque.
A l'aube, tout se tait. Je suis fourbu.
Je réponds à l'appel de ma paillasse
Tout en pensant au soir, à ma tribu
De Poésis dont le chant me délasse.