• Pitié, je crève !

    Les larmes sur ta joue ont l'air d'une rosée
    Que le matin fait luire et rouler sur les blancs
    Pétales d'une fleur que la brise a baisée
    En parcourant, du mont, les majestueux flancs.
    Te voir pleurer me fait souffir. Mon cœur qui rêve
    De t'enrober de joie, endurerait d'un glaive
    Mille coups mais ne peut supporter que soulève
    Ton sein quelque soupir par un chagrin jeté
    Sur ta vie à son aube. Ô ma douce sylphide,
    N'abîme pas tes yeux car ton regard splendide
    Éclaire mon chemin qui deviendrait aride
    Et  ma lyre mourrait pour fuir sa pauvreté.

    N'avions-nous pas juré de vivre la folie
    De l'âge des amours jusqu'au dernier instant
    Ici-bas ? Tu ne peux l'oublier, ma jolie!
    La forêt, la montagne et le vent répétant
    Nos chants ont souvenir de nos belles soirées ;
    La lune caressait tes étoffes moirées
    De ses rayons laiteux ; les étoiles parées
    De brillants se miraient dans tes iris joyeux.
    Revois ce beau passé dans le bois aux délices
    Où nous avions bâti le nid où les caprices
    Que je faisais t'ouvraient le ciel des cantatrices
    Fredonnant gaiement un air mélodieux.

    Ta bajoue, ô Faty, tes pleurs l'ont arrosée
    Beaucoup plus qu'il n'en faut  de leurs filets brûlants
    Je t'en supplie, assez! L'affre que m'a causée
    Ton chagrin est un vent aux souffles désolants
    Qui s'en prend à mon cœur, grille toute sa sève
    Tes sanglots m'ont talé ; pitié, je crève !

    Mohammed ZEÏD

     

     

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  •  

    Toi mon nid !

    Ô mon nid, ta douceur par le ciel éclairée
    Voulut que soit ma vie un charme pénétrant
    Aussi dus-je t'aimer. Mon âme libérée,
    En ton sein, ne connut de cauchemar frustrant.

    Seulement quatre murs tout empreints de tendresse,
    Et le courant des jours tel un ru de bonheur
    Fit couler tant de bleu sur le fil de l'ivresse
    Qu'une rose sourit au soleil butineur.

    Ô mon logis, ton nom, même si je te quitte,
    Restera, bien scellé dans les tréfonds du cœur.
    Je te verrai partout, horizon sans limite,
    Tel un reflet tracé par un subtil croqueur ;

    Si notre ami le vent berce les amours mortes,
    Il sait aussi souffler les vieux airs d'autrefois,
    Il les met en chanson, les glisse sous les portes
    Connaissant les secrets des nouveaux villageois !

    Ni le jour, ni la nuit, ni le cours des années
    N'auront d'effet nocif sur ton éclat charmant
    Qui sera mon complice au temps des fleurs fanées
    Et lors des amples soirs du grésil endormant.

    Le printemps bénira nos heures vagabondes
    Et je me souviendrai de chaque cri d'oiseau
    Que la vieille pendule à toutes les secondes
    S'amusait à calquer de ses doigts en fuseau.

    Le bel été fera scintiller tes verrières
    Et tu prendras l'aspect d'un beau château royal
    Que berceront les chants des nymphes des lisières
    Sous un ciel étoilé, la lune ouvrant le bal.

    Quand le noir fermera les cils de cette histoire,
    Nous confierons les clefs de notre portillon
    À celui qui, sans bruit, regagnant l'écritoire
    Aura su réveiller ballade et carillon !

    Toi mon nid !

     


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  • À chacun son chemin.

    On ne lit pas ; on s'ébahit devant les nus.
    Images et photos, tableaux et pellicules,
    Étalages d'appas...Gaspillez vos pécules
    Afin de vous gaver de clichés inconnus !

    L'amour virtuel a, sauf chez les abstenus,
    Son azur, son envol, ses jolis crépuscules
    Et ses intimes soirs où les plâtrés hercules
    Déchaînent aux écrans leurs esprits malvenus.

    Les vils éclairs ont détrôné les belles lettres.
    Le papier, inhumé, n'ouvre plus ses fenêtres
    Donnant sur les jardins des arts éducateurs.

    C'est l'ère du néon; ça brille, ça clignote.
     Fi donc si vous muez en tête de linotte !
    Je suis le bon chemin des antiques lecteurs.

     

    Mohammed Zeïd

    À chacun son chemin.

     


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  • Promenade

    La vie herbe des champs et la joie une fleur.
    Que faire alors : m'étendre ou cueillir l'anthyllide 
    Qui sourit au soleil ? Cette grâce a valeur
    D'or à mes yeux que je repais de ciel limpide.

    Non, je n'ose infliger quelque horrible douleur
    À ce joyau brillant dans l'air encor humide !
    Au loin, s'entend le cri d'un gai bouvreuil siffleur.
    Je réponds à l'appel. Mon esprit se débride.

    Un arbre s'étirant de tous ses rameaux verts
    M'invite à  m'éjouir, à son ombre, des vers
    Du Maître, en feuilletant " Les chants du crépuscule".

    "La pauvre fleur"  me fit plonger dans un penser
    Si  noir que pas un rai ne peut le transpercer.
     La nuit vient recouvrir les bois du monticule.

    Mohammed ZEÏD

    Flormed


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  • 1-Forme à l'anglaise →ABCABC - DBCDc

    Lever blafard.

    Un soleil maladif répand sa chevelure
    Sur le versant boisé du mont silencieux
    Dont toute vie a fui le vilain gel mortel.
    Les pâtis, encor nus, montrent une gelure  
    Que ne peut adoucir le sourire des cieux
    Ignorant et les gens et leur maigre cheptel .

    Le jour paraît enfin sur le pays qui fume
    De tous ses toits de zinc. Un vent malicieux
    Fait gémir la forêt où niche un vieux castel
    Inhabité, dardant au ciel son gris costume :
    Vétuste œuvre au pastel.



    2-Forme à la marotique→ABA-ABA-CCd-EEd

    Le mendigot

    Un gros sac sur le dos, un bâton à la main,
    Savates et haillons, le mendigot trottine,
    Sans jamais s'écarter de son obscur chemin.

    Depuis qu'il a perdu son seul frère germain,
    Il vit dans le gourbis d'une femme crétine
    Que l'on voit rarement trimbaler son gamin.

    Le soir venu, l'aveugle, ayant rempli sa couffe,
    S'en va muet, portant des kilos de malbouffe,
    Vers son trou.

    Dix ans à se mouvoir de la rue à la couche
    On le dirait une ombre avecques sur la bouche
    Un verrou.



    3-Forme à la française→ ABA-ABA-CCd-EdE

    Pense à ta fin, mortel !

    La vie est à mon sens un songe fabuleux
    Dont la mort vient un jour effilocher la trame
    Et l'on s'en va dormir au fond d'un sol sableux.

    Fleurs et pleurs, oraison, ciel clair ou nébuleux
    Puis c'est l'oubli total. L'épitaphe en cérame
    Se laisse dévorer par des buis spinuleux.

    On est tels des châteaux de sable fin que l'onde
    Aux remous écumeux, en moins d'une seconde,
    Démolit.

    Et l'on part, bras croisés, pieds liés, se dissoudre
    Dans un lit
    Froid, à l'écart, où le linceul doit se découdre.

     

    Mohammed Zeïd

     

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    POÉSIS

     


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