Le jeune mendiant
Bartolomé Esteban Murillo, peintre espagnol, ( 1617-1682)
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Il est là, seul, montrant ses pieds nus et terreux,
Las de fouler le sol ingrat qui le vit naître.
Mais voyez-le, dans ses haillons de miséreux
Où fourmillent les poux que ses ongles lépreux
Écrasent sans arrêt au jour qu'une fenêtre
Projette vainement sous ses yeux ténébreux.
Une pomme pourrie et des bouts de crevettes
Pour sa mordante faim, l'eau trouble d'un cruchon
Pour sa cuisante soif et vont ses nuits, muettes
Tels des caveaux enclos par de tristes murettes.
Ô pauvreté, son teint que tu rends pâlichon
N'ôte rien aux reflets de ses fraîches pommettes.
Son couffin, jamais plein, gît, près de lui, béant
Sur l'âpreté des cœurs regorgeant d'inclémence.
Nul n'allonge la main pour tirer du néant
Ce marmiteux moutard qui, le cas échéant,
Pourrait s'épanouir sous un ciel où Malchance
Est bannie, où le bien est le seul choix séant.
Ô Murillo, Séville, à la richesse agraire
Reconnue, avait-elle, à son sort, délaissé
Ce garçon démuni, tel un serin aptère,
Sans nid, dépaysé, sur un mont funéraire,
Espérant qu'un vent fou, d'un souffle cadencé,
Advienne, un soir brumeux, son ramage soustraire ?
Mohammed Zeïd
Flormed
Bonsoir Flormed,
Je viens de rencontrer une mendiante, Murillo aurait pu la peindre... Il aurait su apitoyer tous ceux qui sont passés près d'elle sans la voir... Ou faire comme si...
Bravo quelle écriture toujours !
Bonne nuit.
Annie