• Le jeune mendiant


    Le jeune mendiant



    Bartolomé Esteban Murillo, peintre espagnol, ( 1617-1682)



    Il est là, seul, montrant ses pieds nus et terreux,
    Las de fouler le sol ingrat qui le vit naître.
    Mais voyez-le, dans ses haillons de miséreux
    Où fourmillent les poux que ses ongles lépreux
    Écrasent sans arrêt au jour qu'une fenêtre
    Projette vainement sous ses yeux ténébreux.

    Une pomme pourrie et des bouts de crevettes
    Pour sa mordante faim, l'eau trouble d'un cruchon
    Pour sa cuisante soif et vont ses nuits, muettes
    Tels des caveaux enclos par de tristes murettes.
    Ô pauvreté, son teint que tu rends pâlichon
    N'ôte rien aux reflets de ses fraîches pommettes.

    Son couffin, jamais plein, gît, près de lui, béant
    Sur l'âpreté des cœurs regorgeant d'inclémence.
    Nul n'allonge la main pour tirer du néant
    Ce marmiteux moutard qui, le cas échéant,
    Pourrait s'épanouir sous un ciel où Malchance
    Est bannie, où le bien est le seul choix séant.

    Ô Murillo, Séville, à la richesse agraire
    Reconnue, avait-elle, à son sort, délaissé
    Ce garçon démuni, tel un serin aptère,
    Sans nid, dépaysé, sur un mont funéraire,
    Espérant qu'un vent fou, d'un souffle cadencé,
    Advienne, un soir brumeux, son ramage soustraire ?



    Mohammed Zeïd
    Flormed

    « La bergèreCharles Baudelaire »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 20:52

    Bonsoir Flormed,

    Je viens de rencontrer une mendiante, Murillo aurait pu la peindre... Il aurait su apitoyer tous ceux qui sont passés près d'elle sans la voir... Ou faire comme si...

    Bravo quelle écriture toujours !

    Bonne nuit.

    Annie

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    2
    Samedi 24 Janvier 2015 à 15:01

    Merci du fond du cœur.

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