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Alphonse de Lamartine
♦ Artiste : Henri Decaisne (1799 - 1852)
Ô chantre de l'amour, ton heureux lévrier
Du regard te fixant, cherchait-il en ton âme,
Pour y goûter, le pur, le céleste dictame
Dont tu daignais remplir ton auguste encrier ?
Ta plume fit reluire, au fil de ta pensée,
L'horizon bleu des vers admirés par Victor
Qui déclama tes mots de sa voix de stentor
Ravi qu'il fut par leur beauté bien cadencée.
L'autre limier, flairant dans le vent la senteur
De l'encens que fleurait ton étoffe royale,
Espérait, queue en l'air, de ta paume loyale,
Une longue caresse, une tape en douceur.
Ton bel accoutrement, digne de ta sveltesse,
Dut astreindre le peintre à sortir tout son art
Pour accorder la vie à ce fruste savart
Qui, du coup, par ta grâce, oublia sa tristesse.
Le ciel, si gris soit-il, point ne put obscurcir
Le recueil où "Le lac", en effleurant ses rives,
Parlait à la forêt, aux jardins et leurs grives,
Aux monts bravant le temps n'osant les amincir.
J'applaudis en rythmant : gloire à Henri Decaisne,
À son pinceau doré qui nous permit de voir
Le maître de la lyre ayant, son bon savoir,
Légué, sans rien celer, à toute âme sereine.[/color]
Mohammed Zeïd
Flormed
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Alphonse de Lamartine
♦ Artiste : Henri Decaisne (1799 - 1852)
Ô chantre de l'amour, ton heureux lévrier
Du regard te fixant, cherchait-il en ton âme,
Pour y goûter, le pur, le céleste dictame
Dont tu daignais remplir ton auguste encrier ?
Ta plume fit reluire, au fil de ta pensée,
L'horizon bleu des vers admirés par Victor
Qui déclama tes mots de sa voix de stentor
Ravi qu'il fut par leur beauté bien cadencée.
L'autre limier, flairant dans le vent la senteur
De l'encens que fleurait ton étoffe royale,
Espérait, queue en l'air, de ta paume loyale,
Une longue caresse, une tape en douceur.
Ton bel accoutrement, digne de ta sveltesse,
Dut astreindre le peintre à sortir tout son art
Pour accorder la vie à ce fruste savart
Qui, du coup, par ta grâce, oublia sa tristesse.
Le ciel, si gris soit-il, point ne put obscurcir
Le recueil où "Le lac", en effleurant ses rives,
Parlait à la forêt, aux jardins et leurs grives,
Aux monts bravant le temps n'osant les amincir.
J'applaudis en rythmant : gloire à Henri Decaisne,
À son pinceau doré qui nous permit de voir
Le maître de la lyre ayant, son bon savoir,
Légué, sans rien celer, à toute âme sereine.
Mohammed Zeïd
Flormed
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Les mangeurs de pommes de terre
Vincent Willem van Gogh (1853 - 1890)
Sous les rayons blafards diffusés du plafond
Par une lampe à chapeau, sans verre,
Les braves paysans, tout fiers, se satisfont.
De café noir et pommes de terre
Le peintre, soucieux de nous faire saisir
Que ces petites gens au teint ocre
Aiment manger avec les doigts pour le plaisir,
Fait fi de tout esprit médiocre !
Leur joie est d'être ensemble à table en ce logis
Étroit où le seul relent qui flâne
Sous le vétuste toit est celui d'un mégis,
Mais ils sont heureux dans leur cabane.
Ils ont hersé, bêché, sarclé...Que de sueur
Afin de rendre le sol arable !
Se gaver de sa main, voilà le grand honneur,
Même si l'habit est misérable !
Dans le calme du soir, ils écoutent le chant
Du vent, le hurlement d'une louve,
L'aboi d'un chien, le cri d'un grillon se cachant
Dans un pâtis tapissé de flouve...
La vie est, disent-ils, une chaîne d'efforts
Aux maillons ne demeurant solides
Que si, du sol fécond, ils nourrissent leurs corps
En gardant au ciel leurs fronts livides.
Mohammed Zeïd
Flormed
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Le jeune mendiant
Bartolomé Esteban Murillo, peintre espagnol, ( 1617-1682)
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Il est là, seul, montrant ses pieds nus et terreux,
Las de fouler le sol ingrat qui le vit naître.
Mais voyez-le, dans ses haillons de miséreux
Où fourmillent les poux que ses ongles lépreux
Écrasent sans arrêt au jour qu'une fenêtre
Projette vainement sous ses yeux ténébreux.
Une pomme pourrie et des bouts de crevettes
Pour sa mordante faim, l'eau trouble d'un cruchon
Pour sa cuisante soif et vont ses nuits, muettes
Tels des caveaux enclos par de tristes murettes.
Ô pauvreté, son teint que tu rends pâlichon
N'ôte rien aux reflets de ses fraîches pommettes.
Son couffin, jamais plein, gît, près de lui, béant
Sur l'âpreté des cœurs regorgeant d'inclémence.
Nul n'allonge la main pour tirer du néant
Ce marmiteux moutard qui, le cas échéant,
Pourrait s'épanouir sous un ciel où Malchance
Est bannie, où le bien est le seul choix séant.
Ô Murillo, Séville, à la richesse agraire
Reconnue, avait-elle, à son sort, délaissé
Ce garçon démuni, tel un serin aptère,
Sans nid, dépaysé, sur un mont funéraire,
Espérant qu'un vent fou, d'un souffle cadencé,
Advienne, un soir brumeux, son ramage soustraire ?
Mohammed Zeïd
Flormed
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Julien Dupré, peintre français, (1851 -1910.)
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-«Voici venu le soir, rentrons !» dit la bergère
A son troupeau comblé de verdure au pâtis.
Sur le sentier menant de la plaine herbagère
Au bercail, la pastoure exhibe un plumetis
Laissant paraître un cou de sylphide sans ailes
Fixant de son regard les beaux yeux des agnelles
Qui semblent admirer cet ange au féminin
Dont un palais royal aurait fait une rose
Égayant de son rire un lit d'alcôve rose
Où tout chantre perdrait son verset léonin...
Un pasteur, ô Dupré, suit de très près ses bêtes ;
Et, là, vous nous montrez la fille devançant
Ses brebis, sans bâton ni chien, les lèvres prêtes
À bruire un chant gai dans le vent caressant
Tout en offrant au sombre ciel son élégance
Dont la nuit vient cacher les appas et la ganse.
Ô peintre pastoral, votre art, si grand, mérite
Mieux qu'un poème aux vers de mesquine valeur
Griffonnés sans entrain par un humble rimeur
Errant dans un désert, reclus tel un ermite.
Mohammed Zeïd
Flormed
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