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Sans amis, sans parents, sans emploi, sans fortune,
Je n'ai que la prison pour y passer la nuit.
Je n'ai rien à manger que du gâteau mal cuit,
Et rien pour me vêtir que déjeuners de lune.
ermain Nouveau(1851-1920)
La chanson du troubadour
Le chant du pauvre
Errant par-ci, par-là ; voilant ma tête brune
D'un turban délavé par les ans miséreux.
Oh les pourris, ils m'ont laissé tel un lépreux
Sans amis, sans parents, sans emploi, sans fortune.
De mes peines du jour, je ne cueille nul fruit.
Le ciel semble ignorer ma lugubre existence
Sans gite ni couvert sur cette terre immense,
Je n'ai que la prison pour y passer la nuit.
J'ai beau trimer, suer, rouler partout ma bosse.
Le sentier caillouteux, fort haineux, me déchausse.
Je n'ai rien à manger que du gâteau mal cuit.
Je suis gai même si je n'ai pas une thune
Pas de sac à la main, pas de chien qui me suit
Et rien pour me vêtir que déjeuners de lune.
Mohammed Zeid
- Flormed -
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Suis ton chemin boueux de jeunet dissolu
Mais sache qu'il te mène
Au gouffre où règne en roi le silence absolu
Tyran coupeur d'haleine.
Tu cours soir et matin en pensant à la chair
Tendre, parfumée, aguichante
Des filles de Satan qui vendent à prix cher
Un faux plaisir qui désenchante.
Va te pendre à leurs cous toi qui veux abréger
Ta vie ! O vétilleux, tu n'es qu'un étranger
Qui, vite, s'étiole.
Tes jours sont consumés de bordel en bousin
Bientôt tu seras pris. Maloch, en argousin,
Veillera sur ta geôle.Mohammed Zeïd
Flormed
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Ecoutez bien mes mots, disait un sage :
L'oiseau ne chante pas s'il est en cage,
Il gémit mais, ignorant son langage,
On croit mélodieux son faux ramage.
Il pleure sa liberté.
Un rossignol, loin de son paysage,
Perd la flûte qu'il a dans un bocage,
Près d'un ru vert murmurant à l'ombrage
Pour le plaisir du promeneur volage
Amoureux de liberté.
C'est au sommet d'un mont au bel alpage
Qu'il se plait à chanter, sans découpage.
Le philomèle est gai près d'un rivage
Où le zéphir surmonte tout barrage
Au nom de la liberté.
O bel oiseau, craignant plus que l'orage
Le filet du chasseur, sur cette page,
Je dis que je te plains car ton image
N'a plus d'attrait ; tu vis tout seul ta rage ;
Dépourvu de liberté.
Dans la geôle où se déteint son plumage,
Loin des feuillus au bel état sauvage
De ton milieu, tu n'es que vain mirage
Abreuvant de tes pleurs de pauvre otage
Les tueurs de Liberté.
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Un sourire, un clin d'œil, un mot, un pas,
Et bat le cœur. Oh, c'est parti ! La foudre
A frappé. L'âme en feu qu'elle saupoudre
De ses jets est vouée au doux trépas.
Je croyais que rien ne pouvait découdre
Son pavois graniteux qui n'ose pas
Faire face à la fée aux frais appas
Dont les éclairs sont advenus l'absoudre.
Purgé, blanchi, l'esprit se laisse emplir
De joie et de son rêve à s'accomplir
Fin prêt jaillit une source vitreuse.
Le ru né de ce flot aux bords rosés
Fait verdir puis fleurir le lit qu'il creuse.
O vers, souvent, de larmes arrosés!Mohammed Zeïd
Flormed
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