• Les souvenirs, tristes ou gais, ne meurent pas ;
    Ils dorment d'un seul œil, attendant que résonne
    Un mot serein, un cri strident, un simple pas
    Dans un couloir, un gong lointain qui carillonne...

    Et c'est l'éveil que suit un long déferlement
    Des foules de rais que Mnémosyne a dûment
    Gardés dans ses cheveux telles des perles rares.

    Et voilà le passé qui nous parle, qui fait
    Défiler devant nous des ombres à l'effet
    Souvent bouleversant, aux sourires avares.

    Mourront-ils quand viendra le moment du trépas
    Ou seront-ils transmis telle une maigre aumône
    A tous nos héritiers avec sous et pampas ?
    Quelques brindilles, oui ; le tout, non, ça m'étonne.




    Mohammed Zeïd
    Flormed

     


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  • Dis, que t'est-il resté de ta sauvage ardeur ?
    Te voilà dos fourbu, jambes en arcs, la canne
    Étayant tes os mous ! Maudissant la lourdeur
    De tes pas, tu hennis de joie en ris d'insane !

    L'horizon fuit ton ombre errant sur les galets
    Des sentiers répugnant les clous de tes savates,
    Dégoûtés des relents de tes pieds gringalets.

    N'as-tu pas ras le bol de ce noir des ovates
    Dont tu revêts ta peau craquelée, à l'envi
    Et sans répit narguant ton crâne tout havi ?

    Ne vois-tu que la mort, faux sur l'épaule, plane
    Sur ton chapeau melon qui cherche ravaudeur ?
    Écarte-toi, mieux vaut que tu changes de panne !
    On ne vit pas mille ans dans la même splendeur.




    Mohammed Zeïd
    Flormed


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  • Te souviens-tu de nos belles soirées
    Dans notre douar aux tentes moirées ?
    On était deux oblats fous du plaisir,
    Sacrifiant, sans rechigner, nos âmes
    Sur son autel décrépitant aux flammes.
    La vie était toujours prête à rosir.

    Notre horizon s'irisait de lumières
    Et souriait à nos amours premières.
    Le jour était, pour nos cœurs, un loisir.
    La nuit nous dédiait ses voix berceuses
    En répandant ses brillances joyeuses.
    La vie était toujours prête à rosir.

    Le chaud soleil bénissait nos errances.
    Le bel oiseau, louant nos espérances,
    Entre ses chants, nous priait de choisir ;
    Et nous lui répondions par nos antiennes,
    Et nous dansions à perdre nos haleines
    La vie était toujours prête à rosir.

    Ton air faisait se prosterner les branches
    A tes pieds de dryade aux sveltes hanches
    Lorsque ta main se tendait pour saisir
    Un bourgeon, une fleur, une feuillette,
    Pour se livrer, en joie, à la cueillette.
    La vie était toujours prête à rosir.

    Je me voyais grand émir des aèdes
    Et mes vers de ghazal, dans les pinèdes
    Des alentours, emplissaient de désir
    Les beaux tendrons épars dans la nature
    Étalant partout leur fraîche texture.
    La vie était toujours prête à rosir.

    Étant proie au chagrin, la solitude
    En son trou me noyant, je me dénude.
    Ton ombre est là, je sens mes nerfs transir.
    Ô toi qui dus fondre si tôt sous stèle,
    Vois-tu mon ciel qui, de pleurs, se constelle ?
    La vie était toujours prête à rosir.




    Mohammed Zeïd
    Flormed


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  • Sous ton burnous aux ailes veloutées
    Éclot, le soir, le péché du désir ;
    Et tu t'en vas, faraud, tes nuits rosir.

    Peu t'en chaut si les venaisons broutées
    Ne laissent à ton cœur que déplaisir ;
    Et tu t'en vas, faraud,  tes nuits rosir.

    Tes avances, vois-tu, sont déboutées
    Mais tu ne penses point te ressaisir
    Et tu t'en vas, faraud, tes nuits rosir.

    Tu ne crains les douleurs tant redoutées
    Lorsque les ans sauront ton sang transir ;
    Et tu t'en vas, faraud, tes nuits rosir.

    Que d'âmes avant toi furent cloutées
    Sur les autels du répugnant plaisir ;
    Et tu t'en vas, faraud, tes nuits rosir !




    Mohammed Zeîd
    Flormed

     

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    Pour consulter une fiche sur la villanesque en tant que forme fixe

    n'hésitez pas à visiter

    POESIS


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