Au poète
Laisse arriver le soir, ami poète !
De la reine Luna, ta muse est sœur.
Laisse arriver le soir, ami poète,
Pour accueillir les ténèbres que jette
La nuit chassant le jour et sa clameur.
Allume l'encensoir et que soit prête
À brûler la chandelle aimant la fête
Que, follement, célèbre tout rimeur
Recevant sa houri qui, son bonheur,
Vient faire en câlinant sous son ailette
Au duvet satiné son tendre cœur.
Ton œil ravi la trouve si coquette :
De la reine Luna, ta muse est sœur.
De la reine Luna, ta muse est sœur ;
Laisse arriver le soir, ami poète !
De la reine Luna, ta muse est sœur ;
Fais-en ta fée, offre-lui rose ou fleur
Puis, l'oreille prêtée à sa causette,
Sème, à son ris, les rimes, en douceur !
Sous ta plume en perloir de ciseleur
Le mot dévêt sa moulure secrète
Pour le plaisir de tout probe exégète.
Ton art est délicat par sa valeur
Qui resplendit sur la plus belle crête
Du mont Litterae, le vrai charmeur.
Laisse arriver le soir, ami poète !
M. Zeïd
-Flormed-